03/09/2012

Après l'été, nous revoilà .

 
Après un long silence estival, me voilà donc revenue pour vous donner des nouvelles fraîches de l'été torride qui touche à sa fin.

Le 16 juin, nous étions à la librairie "Des livres et vous" de Sarrant dans le Gers, ce bel endroit au coeur d'un village médiéval qui réunit souvent lecteurs et auteurs pour de chaleureuses et passionnantes rencontres. Ce soir là, c'était pour  la présentation des deux premiers livres de la collection "Ô rages", pour laquelle une trentaine de lecteurs s'étaient  déplacés. (Si vous ne connaissez pas ces deux titres, découvrez-les sur la page de ce blog consacrée à cette  collection).
 
Angèle Bettini del Rio, notre jeune rebelle de 90 ans, venue tout exprès de Toulouse, nous a encore une fois émus, fait rire, subjugués en nous  racontant sa jeunesse rebelle dans les années 36 à Toulouse et sa résistance à Pétain, le maréchal félon, qui lui valut quatre années de détention de 18 à 22 ans dans les camps de concentration du Sud Ouest. Après un feu nourri de questions des lecteurs captivés, une des plus jeunes auditrices, Eve Angéline, s'est précipitée vers Angèle , les yeux brillants, enthousiaste, volubile, pour lui dire que grâce à elle, enfin, la seconde guerre mondiale, qu'elle révisait d'arrache pied pour son bac, venait de prendre vie à travers son récit . Et qu'elle comprenait tout ce que les jeunes d'aujourd'hui, comme elle, devaient aux résistants, qui avaient souvent donné leur liberté, et même leur vie pour une certaine idée de la France. Ce bref échange entre une toute jeune fille et Angèle valait son pesant d'or. Et donnait toute sa valeur à ce témoignage simple et vrai de notre résistante préférée.
 
Et puis il y avait aussi Guy Pavan, le porte drapeau de la lutte des Molex, à la fois timide, réservé ...et passionné, passionnant quand il est lancé ! Guy m'avait dit qu'il ne ferait pas plus de trois ou quatre réunions/débats... parce que les projecteurs braqués sur lui seul, ce n'est pas sa tasse de thé. Guy, quand il parle des Molex, c'est un collectif qui est derrière lui, il est la voix de tous ceux qu'il a représentés dans ce combat pour l'emploi, pour le respect du travail. Alors parler de lui, il ne fallait pas trop y compter ! Et pourtant à Sarrant, il a fait "une prise de parole", comme il dit, qui a saisi tout le monde à la gorge, car il nous a fait revivre la colère, la révolte et les espoirs perdus de 280 salariés montés à  l'assaut de la forteresse Molex ...Obligés de rendre les armes, quand l'usine a fermé voici maintenant deux ans, livrés à Pole Emploi, mais qui continuent à réclamer justice devant le tribunal des prud'hommes, où ils poursuivent le combat.
 
Angèle et Guy, côte à côte, si différents et si semblables en même temps, nous ont fait comprendre, ce 16 juin à Sarrant, tout ce qui les rapprochait, leurs valeurs, leur combativité, leurs espoirs après les désespoirs. Et à eux deux, ils ont incarné parfaitement  l'ambition  de "Ô rages" la collection dans laquelle paraissent leurs témoignages : raconter des vies d'hommes et de femmes qui s'engagent bien au delà de la simple indignation, hier, aujourd'hui et demain.
 
Et puis le 26 juin, ce fut à Ombre Blanches, la grande et belle librairie toulousaine, que nous avons rencontré les lecteurs, Angèle et moi : impressionnant de se retrouver toutes deux dans ce temple du livre, avec un auditoire attentif et respectueux, d'autant plus que je dus, sans m'y être préparée, tenir un dialogue de près de deux heures avec Angèle ! Je ne savais pas que ce serait moi l'animatrice du débat, micro en main... mais avec quelques citations du livre improvisées, un jeu de questions réponses auquel Angèle s'est prêtée avec sa vivacité habiuelle, nous nous en sommes sorties toutes les deux ! C'est là que j'ai ressenti combien je me sentais proche d'Angèle, guidée dans mon dialogue avec elle par une complicité qui m'a fait chaud au coeur. Ses fidèles amis de l'association du camp de Brens, où elle a été enfermée de 1942 à 1944, étaient là, au premier rang, pour perpétuer avec elle le souvenir des internées de cet enfer dont subsistent les vestiges, à deux pas de nous, dans le Tarn.
 
J'espère que nous aurons d'autres occasions, dans d'autres librairies, ou bien au Salon du Livre de Toulouse, en novembre prochain, de revivre cette expérience, nouvelle pour moi, "jeune" éditrice : présenter aux lecteurs "mes" auteurs, leur faire partager mon enthousiame pour leur récit, leur dévoiler l'aventure excitante qu'est la naissance d'un livre !

Et puis le 5 juillet, j'étais l'invitée d'une radio gersoise, Radio Coteaux : j'ai découvert avec surprise et bonheur un studio d'enregistrement (je n'en avais jamais vu) niché dans un petit village voisin de Beaumont de Lomagne. Accueil chaleureux de César animateur sympathique qui m'a tout de suite mise à l'aise... malgré mon quart d'heure de retard ! On ne s'était pas compris sur l'heure de passage à l'antenne et je roulais encore sur les routes sinueuses du Gers tandis que César annonçait déjà, dans l'auto radio, que mon interview allait commencer ! J'ai donc appuyé sur le champignon, le stress de ma vie, tandis que César enchainait les morceaux de musique pour faire patienter les auditeurs ! Long catogan dans le dos, regard malicieux et parole avenante, César m'a tout de suite rassurée avant de me faire parler plus d'une heure du Vent se lève . Impression étrange d'imaginer ces auditeurs qui doivent bien vous écouter quelque part, alors que votre regard par la fenêtre du studio ne voit à l'horizon que les verts et riants coteaux du Gers. Je vous laisse écouter cet échange avec César qui a réussi à me faire dire bien des choses sur cette aventure de la création d'une maison d'édition "dans le pré" (comme la radio qu'il anime...ça rapproche !).



http://youtu.be/yXek_EMh_6E